
Contrairement à l’idée reçue, un cosmétique « bio » n’est pas systématiquement meilleur ou plus sûr. Sa véritable valeur réside dans la science et l’intelligence de sa formulation globale.
- Les labels garantissent un pourcentage d’ingrédients d’origine biologique, mais ni une efficacité supérieure ni une innocuité totale.
- La conservation est un enjeu de sécurité majeur ; les options autorisées en bio, qu’elles soient naturelles ou synthétiques, sont cruciales pour éviter la contamination bactérienne.
Recommandation : Apprenez à décoder la liste d’ingrédients (INCI) et à évaluer la cohérence de la formule plutôt que de vous fier uniquement aux allégations marketing et aux emballages verts.
L’attrait pour le naturel n’a jamais été aussi fort, surtout au Canada où la conscience écologique est profondément ancrée. Dans les rayons, les promesses de soins « purs », « verts » et « biologiques » se multiplient, offrant une alternative séduisante à la cosmétique conventionnelle. Pourtant, pour de nombreux consommateurs, cette quête de naturalité se transforme rapidement en un parcours semé d’embûches. Entre des labels aux exigences variables, des produits à la sensorialité décevante et la crainte du « greenwashing », le scepticisme s’installe. Comment un produit peut-il être à la fois efficace, agréable, et se conserver sans les agents de synthèse tant décriés ? La déception est souvent au rendez-vous lorsque la crème bio tant espérée ne répond pas aux besoins spécifiques d’une peau mise à rude épreuve par le climat canadien.
Face à cette confusion, le réflexe commun est de se fier aux labels ou de bannir des listes d’ingrédients jugés « toxiques ». Si cette démarche part d’une bonne intention, elle reste superficielle. La véritable clé pour faire un choix éclairé ne réside pas dans ce qu’un produit enlève, mais dans la manière dont il est formulé. L’enjeu n’est pas une opposition simpliste entre le naturel et le synthétique, mais une question bien plus pointue : celle de la formulation intelligente et de la stabilité bactériologique. Un cosmétique bio de qualité est avant tout le fruit d’un savoir-faire scientifique qui maîtrise les synergies entre les actifs, leur concentration et leur mode de conservation pour garantir à la fois sécurité et efficacité.
Cet article se propose de vous équiper des outils d’une dermo-pharmacienne pour naviguer cet univers. Nous allons décrypter ce que les certifications garantissent réellement, identifier les ingrédients naturels qui peuvent s’avérer irritants, explorer la science de la conservation en cosmétique bio et, enfin, vous donner une méthode infaillible pour lire une liste d’ingrédients et déjouer les pièges du marketing. L’objectif : vous rendre autonome et capable de choisir, en toute confiance, le meilleur pour votre peau.
Pour naviguer cet univers complexe, nous allons explorer ensemble les facettes essentielles de la cosmétique biologique, des certifications aux ingrédients eux-mêmes. Ce guide vous fournira les clés pour faire des choix éclairés, adaptés à vos besoins et à la réalité du marché canadien.
Sommaire : Le guide d’expert pour choisir ses cosmétiques bio au Canada
- Cosmébio, Ecocert, NaTrue : que signifie vraiment le label bio sur votre crème de jour ?
- Le revers de la médaille naturelle : les ingrédients bio qui peuvent irriter votre peau
- L’huile végétale, le couteau suisse de votre salle de bain : comment choisir celle qui est faite pour votre peau
- Comment votre crème bio ne pourrit-elle pas ? La vérité sur les conservateurs dans les cosmétiques naturels
- Le « greenwashing » dans votre salle de bain : les astuces des marques pour paraître naturelles alors qu’elles ne le sont pas
- Lire une liste INCI sans être chimiste : la méthode simple pour savoir ce que vous mettez vraiment sur votre peau
- Le guide ultime des labels responsables : lequel croire et lequel se méfier ?
- La pharmacopée de la nature : le guide des ingrédients naturels les plus puissants pour votre peau
Cosmébio, Ecocert, NaTrue : que signifie vraiment le label bio sur votre crème de jour ?
Face à un produit estampillé « bio », la première question à se poser est : qu’est-ce que ce label garantit concrètement ? Un label n’est pas une simple mention marketing, mais le sceau d’une certification par un organisme tiers qui a audité la formule et le processus de fabrication selon un cahier des charges précis. Il est essentiel de comprendre que les termes « naturel » et « biologique » ne sont pas interchangeables. Un ingrédient naturel provient de la nature (plante, minéral), tandis qu’un ingrédient biologique est un ingrédient naturel issu de l’agriculture biologique, sans pesticides ni OGM. Un label bio certifie donc un pourcentage minimum d’ingrédients biologiques dans la formule totale. Au Canada, l’organisme le plus influent est Ecocert Canada, basé à Lévis, qui certifie les produits selon le référentiel européen COSMOS, devenu la norme internationale. Ce label se décline en deux niveaux : COSMOS Natural, pour les produits à base d’ingrédients naturels mais sans exigence de pourcentage bio, et COSMOS Organic, le plus strict.
La certification COSMOS Organic impose qu’au moins 20% du produit total soit biologique (10% pour les produits à rincer) et que 95% des ingrédients végétaux de la formule soient issus de l’agriculture biologique. C’est une garantie solide, mais il est crucial de comprendre que cela laisse une marge pour des ingrédients non-bio, y compris une petite liste d’ingrédients de synthèse jugés indispensables et non substituables. D’autres labels comme NaTrue, d’origine allemande, ou USDA Organic, américain, ont leurs propres critères, souvent encore plus stricts sur les substances autorisées. Comprendre ces nuances est la première étape pour évaluer la véritable « naturalité » d’un produit.
Le tableau suivant synthétise les exigences des principaux labels que vous pourriez rencontrer sur le marché canadien pour vous aider à y voir plus clair.
| Label | % minimum d’ingrédients bio | Substances autorisées | Présence au Canada |
|---|---|---|---|
| COSMOS Organic | 20% du total, 95% des végétaux | 5% synthétiques max | Via Ecocert Canada |
| COSMOS Natural | Non spécifié | Ingrédients naturels | Via Ecocert Canada |
| NaTrue | 70-95% selon niveau | Strictement naturels | Importations EU |
| USDA Organic | 95% | Liste nationale US | Produits américains |
En définitive, un label est une assurance précieuse contre le greenwashing flagrant, mais il ne dit pas tout. Il ne garantit ni une efficacité supérieure, ni une tolérance parfaite pour votre peau. Il constitue une base de confiance, un point de départ, mais l’analyse doit se poursuivre au-delà du logo.
Le revers de la médaille naturelle : les ingrédients bio qui peuvent irriter votre peau
L’un des mythes les plus tenaces est que « naturel » est synonyme de « doux » ou « hypoallergénique ». C’est une erreur de raisonnement. La nature est remplie de substances puissantes, et cette puissance peut se traduire par des réactions cutanées, même avec des ingrédients certifiés biologiques. Le potentiel irritant naturel est une réalité que les peaux sensibles ou réactives ne doivent jamais ignorer. Les principaux coupables sont souvent les huiles essentielles. Bien que dotées de propriétés extraordinaires (antibactériennes, apaisantes, tonifiantes), elles sont des concentrés de molécules actives et potentiellement allergènes comme le limonène, le linalol ou le géraniol. Un produit bio fortement parfumé aux huiles essentielles peut ainsi devenir une source d’irritation pour une peau réactive.
Au-delà des huiles essentielles, d’autres ingrédients naturels peuvent être problématiques. L’alcool (Ethanol), souvent utilisé en bio comme conservateur ou solvant, peut être très asséchant s’il est présent en grande quantité dans la formule. Certains tensioactifs dérivés de la noix de coco, bien que plus doux que les sulfates, peuvent également provoquer des réactions chez certains individus. La clé n’est donc pas de diaboliser ces ingrédients, mais de les identifier et d’adopter une approche préventive. Pour toute personne ayant une peau sensible, le test cutané avant d’adopter un nouveau produit est un geste de prudence non négociable.

Ce visuel met en évidence le paradoxe : des ingrédients issus de la nature peuvent néanmoins provoquer une sensibilité cutanée. La vigilance est donc de mise. Il est donc fondamental de ne pas se fier aveuglément à la mention « bio » et d’apprendre à écouter les réactions de sa propre peau. Avant d’intégrer un nouveau soin à votre routine, surtout s’il contient des huiles essentielles, l’application d’une petite quantité dans le pli du coude ou derrière l’oreille pendant 24 à 48 heures permet de déceler une éventuelle réaction avant une application sur le visage.
L’approche la plus juste consiste à privilégier des formules courtes, avec des parfums légers ou absents, et à toujours effectuer un test de tolérance. La naturalité doit rimer avec sécurité, et cela passe par une consommation éclairée et prudente.
L’huile végétale, le couteau suisse de votre salle de bain : comment choisir celle qui est faite pour votre peau
Si certains ingrédients naturels demandent de la prudence, d’autres constituent des piliers de la cosmétique bio : les huiles végétales. Véritables trésors de la nature, elles sont bien plus que de simples corps gras. Chaque huile possède une signature unique en acides gras essentiels (oméga 3, 6, 9), en vitamines (A, E, K) et en antioxydants (polyphénols, caroténoïdes), ce qui lui confère des propriétés spécifiques : nourrissante, régulatrice, apaisante, anti-âge… Le secret est de choisir celle dont le profil correspond parfaitement aux besoins de votre peau. Une peau grasse, par exemple, bénéficiera d’une huile « sèche » et régulatrice comme l’huile de jojoba ou de pépins de raisin, qui pénètrent rapidement sans laisser de film gras et aident à réguler la production de sébum. À l’inverse, une peau sèche et mature s’épanouira avec des huiles riches et protectrices comme l’argan ou l’avocat.
Le contexte canadien offre une opportunité unique de se tourner vers un terroir cosmétique local. Des producteurs passionnés valorisent des plantes indigènes aux propriétés exceptionnelles, parfaitement adaptées à notre climat. On peut citer l’huile de canneberge du Québec, un puissant antioxydant, l’huile de chanvre du Manitoba, au ratio idéal d’acides gras, ou encore l’huile d’argousier de la Saskatchewan, une bombe de vitamines et de caroténoïdes idéale pour réparer la peau après les agressions du froid. Choisir ces huiles locales, c’est non seulement opter pour une qualité et une fraîcheur supérieures, mais aussi soutenir une économie durable et réduire son empreinte carbone.
Le climat canadien, avec ses extrêmes, impose également une approche adaptative. L’huile parfaite en plein cœur d’un été humide à Montréal ne sera pas la plus adaptée pour affronter le froid sec de février à Calgary. Il est judicieux d’adapter sa routine huileuse aux saisons :
- Hiver rigoureux (-20°C) : Privilégier les huiles riches et filmogènes comme l’argan, le karité ou l’avocat pour créer une barrière protectrice contre le froid et le vent.
- Printemps variable : Opter pour l’huile de jojoba, dont la composition est très proche du sébum humain, ce qui lui permet de s’adapter aux fluctuations de température.
- Été humide (Toronto, Montréal) : Choisir des huiles légères et non comédogènes comme l’huile de pépins de raisin ou de noisette pour hydrater sans surcharger.
- Automne sec : L’huile de rose musquée est idéale pour régénérer la peau et la préparer aux rigueurs de l’hiver grâce à ses vertus cicatrisantes.
En somme, l’huile végétale est un allié fondamental, à condition de la choisir avec discernement. Analysez votre type de peau, considérez le climat et n’hésitez pas à explorer les richesses du terroir canadien pour une routine de soin véritablement personnalisée et efficace.
Comment votre crème bio ne pourrit-elle pas ? La vérité sur les conservateurs dans les cosmétiques naturels
C’est l’un des paradoxes qui déroute le plus les consommateurs : comment une crème riche en eau, en extraits de plantes et en huiles peut-elle rester stable dans un pot pendant des mois sans « tourner » ? La réponse tient en un mot souvent mal-aimé : les conservateurs. Toute formule contenant de l’eau (Aqua) est un milieu de culture idéal pour les bactéries, les moisissures et les levures. L’absence d’un système de conservation efficace ne rendrait pas le produit plus « pur », mais dangereusement contaminé. La stabilité bactériologique est un impératif de sécurité non négociable, en cosmétique bio comme ailleurs. La différence réside dans la palette de conservateurs autorisés. Les cahiers des charges comme COSMOS interdisent les conservateurs controversés (parabènes, phénoxyéthanol, etc.), mais en autorisent d’autres. Par exemple, selon les standards Ecocert et Cosmebio, six conservateurs synthétiques sont permis dans les cosmétiques bio, car jugés sûrs et indispensables pour certaines formules. Parmi eux, on trouve l’acide benzoïque, l’acide sorbique ou l’alcool benzylique.
Les formulateurs de produits bio explorent également des stratégies de conservation alternatives. L’utilisation d’alcool (Ethanol) en forte concentration, de certaines huiles essentielles aux propriétés antimicrobiennes, ou de complexes d’actifs comme l’extrait de pépins de pamplemousse sont des pistes courantes. Cependant, ces solutions ne sont pas sans inconvénients : l’alcool peut être asséchant et les huiles essentielles, potentiellement irritantes.

Une autre approche, particulièrement innovante et de plus en plus prisée par les marques canadiennes, est de contourner le problème à la source en créant des formulations anhydres (sans eau). Un baume, une huile ou une poudre, ne contenant pas d’eau, n’a pas besoin de système de conservation antimicrobien. C’est le cas de la marque québécoise Pravi Cosmétiques, qui a fait le choix de développer des gammes entièrement sans eau, éliminant ainsi le besoin de conservateurs tout en offrant des produits ultra-concentrés en actifs. Cette approche de « formulation intelligente » est une réponse élégante au défi de la conservation naturelle.
L’approche innovante des marques canadiennes sans eau
Pravi Cosmétiques, une marque canadienne, a choisi de développer exclusivement des formulations anhydres (sans eau) pour éviter complètement l’usage de conservateurs. Cette approche élimine le risque de contamination bactérienne tout en concentrant les actifs, une solution particulièrement adaptée au climat sec de l’hiver canadien.
Il est donc crucial de ne pas voir les conservateurs comme des ennemis, mais comme des gardiens de la sécurité de votre produit. Dans une crème bio, leur présence (ou l’ingéniosité de la formule pour s’en passer) est le signe d’une formulation responsable et maîtrisée.
Le « greenwashing » dans votre salle de bain : les astuces des marques pour paraître naturelles alors qu’elles ne le sont pas
Le « greenwashing », ou écoblanchiment, est une stratégie marketing qui consiste à utiliser des arguments écologiques ou de naturalité de manière trompeuse pour donner à un produit une image écoresponsable qu’il n’a pas. Dans l’univers cosmétique, c’est une pratique malheureusement courante. Un emballage vert, une feuille dessinée sur le flacon, les mots « pur », « botanique » ou « d’origine naturelle » mis en avant… Ces indices visent à séduire le consommateur en quête de naturalité, sans pour autant que la formule ne soit réellement vertueuse. Une marque peut mettre en avant un extrait de fleur présent à 0,1% dans sa formule tout en omettant de mentionner que les 99,9% restants sont composés d’ingrédients pétrochimiques et de silicones. C’est là toute l’ambiguïté de l’allégation « d’origine naturelle » : une substance peut être issue d’une plante mais avoir subi de multiples transformations chimiques qui l’éloignent de son état initial.
Au Canada, les autorités prennent cette question au sérieux. Le Bureau de la concurrence a renforcé ses lignes directrices sur les allégations environnementales. En cas d’écoblanchiment avéré, le Bureau de la concurrence peut imposer des amendes allant jusqu’à 10 millions de dollars pour une première infraction. Cette pression réglementaire pousse les marques à plus de transparence, mais la vigilance du consommateur reste la meilleure des protections. La défense la plus efficace contre le greenwashing est de systématiquement ignorer la face avant de l’emballage pour se concentrer sur deux éléments au dos : la présence d’un label bio officiel (comme COSMOS Organic) et la liste complète des ingrédients (INCI). Un vrai produit bio n’a pas peur de montrer sa certification, et une formule propre n’a rien à cacher dans sa liste d’ingrédients.
Pour vous armer contre ces pratiques trompeuses, il est utile d’avoir une méthode d’analyse systématique lorsque vous évaluez un nouveau produit. Considérez cette checklist comme votre outil de détective personnel.
Votre plan d’action : la checklist du détective anti-greenwashing
- Vérifier la présence d’un label tiers reconnu (Ecocert, COSMOS, etc.) et non d’un logo créé par la marque elle-même.
- Examiner si les termes ‘naturel’ ou ‘vert’ sont accompagnés de preuves concrètes, comme un pourcentage exact d’ingrédients d’origine naturelle.
- Chercher le pourcentage exact d’ingrédients biologiques sur l’emballage, une information obligatoire pour les produits certifiés.
- Se méfier des emballages verts ou des images de plantes qui ne sont soutenus par aucune certification officielle.
- Analyser la liste INCI complète : les ingrédients mis en avant sur l’emballage se trouvent-ils en début ou en fin de liste ?
En développant ces réflexes, vous passerez du statut de consommateur influencé par le marketing à celui d’acteur éclairé, capable de distinguer une véritable démarche de naturalité d’une simple façade.
Lire une liste INCI sans être chimiste : la méthode simple pour savoir ce que vous mettez vraiment sur votre peau
La liste INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients) est la carte d’identité de votre produit cosmétique. Bien qu’elle puisse paraître intimidante avec ses termes en latin et en anglais, sa lecture est la compétence la plus puissante pour devenir un consommateur averti. La règle fondamentale à connaître est que les ingrédients sont listés par ordre décroissant de concentration. Ceux qui apparaissent au début de la liste sont les plus présents dans la formule. La « règle des 5 » est un excellent point de départ : les cinq premiers ingrédients représentent généralement entre 70% et 90% du produit total. Si « Aqua » (eau) est en tête, vous savez que votre produit est principalement constitué d’eau. Si une huile végétale (ex: « Simmondsia Chinensis Seed Oil » pour l’huile de jojoba) est en deuxième position, c’est un excellent signe de qualité.
Ensuite, apprenez à repérer quelques familles d’ingrédients. Les noms latins suivis d’un nom commun entre parenthèses (ex: « Betula Alba (Birch) Juice ») désignent les extraits botaniques. C’est une obligation légale qui vous aide à identifier les actifs végétaux. Au Canada, le bilinguisme obligatoire sur les emballages peut être un atout pour mieux comprendre certains termes. Les ingrédients se terminant en « -cone » ou « -xane » (ex: Dimethicone) sont des silicones, des agents de texture très courants en cosmétique conventionnelle mais interdits par les labels bio stricts. Ceux finissant en « -eth » (ex: Laureth Sulfate) sont des dérivés pétrochimiques souvent utilisés comme tensioactifs.
Pour aller plus loin dans la reconnaissance des trésors locaux, familiarisez-vous avec les noms INCI des plantes emblématiques du terroir cosmétique canadien. Cela vous permettra de vérifier si les promesses de « plantes boréales » sont réellement soutenues par la formule.
Le tableau suivant vous donne quelques exemples d’ingrédients typiques du Canada pour vous aider à les repérer dans une liste INCI.
| Nom INCI | Nom commun | Origine | Propriétés |
|---|---|---|---|
| Ledum Groenlandicum | Thé du Labrador | Forêt boréale | Anti-inflammatoire |
| Betula Alba Juice | Sève de bouleau | Québec, Ontario | Hydratant, reminéralisant |
| Hippophae Rhamnoides | Argousier | Saskatchewan | Riche en vitamine C et E |
| Vaccinium Macrocarpon | Canneberge | Québec | Antioxydant puissant |
N’ayez pas peur d’utiliser des applications mobiles ou des sites web spécialisés qui analysent les listes INCI pour vous. Avec un peu de pratique, vous serez capable d’évaluer en un coup d’œil la qualité d’une formule, bien au-delà des slogans marketing.
À retenir
- Un label bio garantit une origine, pas une tolérance universelle ; le test cutané reste essentiel pour les peaux sensibles.
- La valeur d’un produit réside dans sa formulation globale (choix des actifs, système de conservation) et non dans un seul ingrédient « miracle ».
- La liste INCI est votre meilleure alliée : apprendre à la décoder est la clé pour déjouer le greenwashing et devenir un consommateur éclairé.
Le guide ultime des labels responsables : lequel croire et lequel se méfier ?
Après avoir exploré les différentes facettes de la cosmétique bio, il est temps de synthétiser et de créer une véritable hiérarchie de confiance parmi les labels et les allégations que vous rencontrez. Tous les logos verts ne se valent pas, et savoir les distinguer est crucial. Au sommet de la pyramide de confiance se trouvent les certifications tierces, indépendantes et rigoureuses. Au Canada, la référence en matière de cosmétique bio est sans conteste la certification COSMOS Organic, délivrée par des organismes comme Ecocert. Elle impose un audit annuel sur site, des pourcentages stricts d’ingrédients bio et une liste très limitée de procédés et de substances autorisés. C’est le plus haut standard de garantie que vous puissiez trouver.
Juste en dessous, on trouve d’autres labels fiables mais plus spécifiques. Le label Leaping Bunny, par exemple, est le standard de référence pour garantir qu’un produit et ses ingrédients n’ont pas été testés sur les animaux à aucun stade du développement. Le label de la Vegan Society assure qu’aucun ingrédient d’origine animale (miel, cire d’abeille, lait…) n’est utilisé. Ces labels sont souvent complémentaires à une certification bio. Un cran plus bas se situe le niveau « déclaratif ». Il s’agit des marques qui communiquent sur leur propre « charte de naturalité » ou qui utilisent des termes non réglementés comme « formule propre » (« clean beauty »). Si l’intention peut être louable, l’absence de contrôle par un organisme indépendant laisse place à l’interprétation et potentiellement au greenwashing. C’est un indicateur de confiance moyen.
Enfin, au bas de l’échelle, se trouvent les auto-déclarations vagues et les allégations purement marketing. Un produit qui se contente de mettre en avant « aux extraits de plantes » ou qui arbore un logo vert dessiné par la marque sans aucune justification est à considérer avec la plus grande méfiance. En l’absence de toute preuve ou certification, ces mentions n’ont aucune valeur et relèvent souvent de la tromperie.
Pour vous aider à visualiser cette hiérarchie, le tableau suivant, basé sur les informations d’organismes comme le CARTV au Québec, classe les labels selon leur niveau de crédibilité.
| Niveau de confiance | Label | Organisme certificateur | Audit |
|---|---|---|---|
| Très élevé | COSMOS Organic | Ecocert, Bureau Veritas | Annuel obligatoire |
| Élevé | Leaping Bunny | CCIC | Régulier |
| Moyen | Vegan Society | The Vegan Society | Sur dossier |
| Faible | Auto-déclarations | Aucun | Aucun |
Votre réflexe devrait donc être de toujours rechercher le label au plus haut niveau de confiance. C’est le moyen le plus simple et le plus efficace de vous assurer que les promesses de la marque sont soutenues par des engagements concrets et vérifiés.
La pharmacopée de la nature : le guide des ingrédients naturels les plus puissants pour votre peau
Une fois les pièges du marketing déjoués et les labels décryptés, le véritable plaisir de la cosmétique bio commence : la découverte de la puissance de la pharmacopée naturelle. Loin d’être de simples substituts aux actifs de synthèse, les ingrédients botaniques offrent une richesse et une complexité inégalées. Leur efficacité ne vient pas d’une seule molécule isolée, mais d’un « totum », un ensemble de composés qui agissent en synergie. Un bon formulateur ne se contente pas de lister des ingrédients à la mode ; il orchestre ces actifs pour répondre à un besoin précis, en tirant parti de leur profil unique. Le terroir boréal canadien est une source d’inspiration inépuisable à cet égard. Des plantes qui ont évolué pour survivre à des conditions extrêmes ont développé des mécanismes de défense et de réparation exceptionnels, qui se traduisent par des bénéfices remarquables pour la peau.
Les trésors botaniques de la forêt boréale canadienne
Des marques comme Biocos Canada mettent en valeur la puissance des ingrédients naturels canadiens dans leurs formulations. La résine de sapin baumier, traditionnellement utilisée par les Premières Nations pour ses propriétés cicatrisantes, le champignon Chaga, un des plus puissants antioxydants connus, et les bleuets sauvages du Lac Saint-Jean, riches en polyphénols, constituent des actifs uniques et performants, parfaitement adaptés aux besoins spécifiques de la peau exposée au climat canadien.
Au-delà du Canada, la pharmacopée mondiale regorge d’ingrédients à l’efficacité prouvée. Le Bakuchiol, extrait de la plante Psoralea corylifolia, est reconnu comme une alternative végétale au rétinol, avec une efficacité anti-âge comparable mais une bien meilleure tolérance. L’acide azélaïque, dérivé de céréales, est un allié précieux pour les peaux à imperfections et à rougeurs. L’acide hyaluronique, bien qu’il puisse être produit par biotechnologie et donc autorisé en bio, reste un champion de l’hydratation. La clé du succès est de rechercher ces actifs en bonne position dans la liste INCI, signe d’une concentration suffisante pour être efficaces. Cet engouement pour des actifs naturels performants et sûrs est une tendance de fond qui transforme l’industrie, et le marché mondial des cosmétiques bio devrait atteindre 165,20 milliards de dollars d’ici 2033.
Votre prochaine étape, en tant que consommateur éclairé, est simple : prenez un produit de votre salle de bain, ignorez ses promesses marketing et passez-le au crible de cette nouvelle grille de lecture. Analysez son label, décortiquez sa liste INCI et évaluez la pertinence de sa formule. Cet exercice est le début de votre autonomie et le gage d’une routine de soin plus saine, plus efficace et véritablement en accord avec vos valeurs.